samedi 10 février 2018

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L'autre jour, il me manquait deux euros pour acheter l'un de ces recueils à la librairie qui se trouve juste à côté de l'arrêt de bus. J'aurais pu demander à maman de me les avancer, mais je ne sais pas ce qui m'a pris, je les ai volés dans la tirelire d'Annie. Je n'ai pas pensé à papa, j'ai pris la pièce pendant qu'elle était descendue aux toilettes, le soir, pour narguer Titi et manger du roquefort en douce.
Je me suis glissée rapidos sous la couette au moment où elle remontait les escaliers sur la pointe des pieds. J'ai juste eu le temps de cacher la pièce dans ma culotte avant de sentir un tremblement de terre.
Annie debout sur mon matelas, à sauter, déchaînée ravie de s'effondrer pour m'embrasser de toute sa bouche tapissée de bleu.
Elle sait que je déteste cela, elle le fait exprès. C'est de bonne guerre, je viens de lui voler une pièce pour m'acheter un livre qu'elle ne lira pas.
Après la quiche, on a eu le droit de regarder la télévision avec les parents, c'est vendredi. D'habitude papa pique du nez et Annie en profite pour lui pincer le pif comme elle dit, jusqu'à ce qu'il sursaute et pousse un hénissement qui la fait reculer et exploser de rire; mais ce soir, papa et maman sont chacun dans un fauteuil et papa ne s'endort pas. Annie et moi avons le droit à la couverture sur le canapé. Maman a mis un DVD, un Disney qu'on a déjà vu plein de fois. C'est mieux que rien comme dit Annie, mais c'est surtout parce que je n'ose pas dire que je préférerais aller lire dans mon lit que je reste bien assise à regarder une fois encore cette vieille histoire de lampe magique.
PDF m'a prêté un livre aujourd'hui. Elle sait que j'ai toute la collection des Marguerite Duras, mais m'a conseillé un roman de Roald Dahl. Elle pense que cela est plus adapté à mon âge et que j'aurai bien le temps de lire Duras plus tard. Elle a raison, j'en ai lu quelques pages, c'est beau mais je ne comprends rien. Je comprends juste que c'est beau, c'est tout, mais cela me fait du bien.
J'aurais bien commencé Matilda dès ce soir-là, mais j'aurais entendu les plaintes d'Annie qui me reproche de préférer les livres à ma sœur chérie (c'est elle qui ajoute l'adjectif). Alors, pour éviter sa litanie, j'ai regardé le dessin animé, forte des euros de pénalité que je lui ai soutirés deux jours avant. Maman a éteint la lumière, elle a dit Chut, parce qu'Annie jouait au ver de terre sous la couverture, et puis on a regardé le film. J'étais contente parce qu'il n'y avait pas de collège le lendemain, maman et papa resteraient avec nous, on irait se promener à la montagne, un pique-nique était même prévu. Maman voulait aller au Mont Saint-Michel, on peut pique-niquer devant la chapelle et regarder le Granier. Bien sûr, Annie a râlé, elle déteste marcher, mais moi j'étais enchantée.
Maman n'a pas arrêté de se lever, papa n'a rien dit, rien demandé.
Au bout de la troisième fois, j'ai voulu savoir si elle était malade.
Papa m'a dit de ne pas m'inquiéter et de la laisser tranquille sans poser de questions. Ce n'était rien, une petite colique, pas la peine d'en rajouter. Annie a rigolé, moi j'ai fait comme si de rien n'était. Maman s'est encore levée plusieurs fois, papa a fini par se lever aussi et puis il nous a dit d'aller nous coucher, bien sagement et on n'a pas revu maman.
Elle s'était mise au lit, finalement.
Avec Annie, on a joué dans ma chambre au lieu de dormir. J'avais le roman de PDF sous mon oreiller, mais j'étais trop excitée pour lire. Trop contente pour la quiche, maman à l'arrêt de bus et la grande balade de demain sans car au programme. On a sauté, dansé sur le matelas, pour finir par s'endormir, en nage, sur la couette.
Je déteste le car, dans le langage d'Annie, je dirais que ça me fout la gerbe, dans celui de PDF que cela m'incommode. Bref, je déteste le car, je déteste surtout être loin de chez moi, je ne sais pas pourquoi.

© Marjorie Tixier, Un Matin ordinaire, 2ème partie, Julie.

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