Tu sais, ma douce, que dans les bois, c’est avec papa qu’on y va, sinon le loup te mangera !
Un matin ordinaire, Marjorie Tixier, Librinova, 2018
Résumé éditeur :
Laurence rêve d’un grand voyage depuis de nombreuses années mais son mari manque de confiance en lui pour l’emmener à l’autre bout du monde. Et puis surtout, elle a deux petites filles et un père gravement malade. Alors, pour s’évader et se ressourcer, elle court chaque vendredi à heure fixe, selon un rituel immuable.
Ce jour-là, pourtant, une rencontre inattendue l’attend…
C’est donc par un matin ordinaire que le destin de Laurence va basculer et redistribuer les cartes d’une vie de famille jusque-là bien réglée.
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Merci aux éditions Librinova pour cette lecture.
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Par un vendredi matin ordinaire, Laurence part courir près de chez elle. Chaque vendredi, écouteurs dans les oreilles, elle emprunte le même chemin, à la même heure. Chaque vendredi, elle termine ce parcours à la même heure. Elle en a besoin, cela fait partie de ses rituels réconfortants. Mais ce vendredi-là, elle va faire une mauvaise rencontre.
Une chanson résonne encore dans mes écouteurs, mais je ne l’entends plus.
Un matin ordinaire est un roman choral : il est composé de plusieurs parties, plusieurs voix et cela fait vraiment la force de ce livre. Tour à tour, on entend les points de vue de Laurence, de sa voisine, de son mari, de son père, de ses filles… A chaque partie, on entre vraiment dans la tête du personnage qui prend la parole.
Dans moins d’un quart d’heure ma voisine va faire son apparition au bout de la rue. Elle sera rouge tomate avec les cheveux trempés. Elle aura une bonne raison de les laver et d’éviter qu’ils graissent mais ça les empêchera pas de blanchir. J’ai toujours pensé que les cheveux blancs vieillissaient. Les miens sont blancs, mais à mon âge, c’est élégant. A son âge, c’est négligé.
On se méfie de certains, on ressent de l’empathie pour d’autres. On s’attache aussi, notamment aux deux filles de Laurence qui ont chacune deux personnalités complètement opposées ; Julie, l’aînée est très réservée, se contente de peu et se réfugie dans les livres tandis qu’Anne, la cadette croque la vie à pleine dents.
Dans mon sac j’ai des faux billets, des faux chèques, mais des vrais stylos, un vrai miroir et un vrai couteau en plastique. Les vrais stylos servent à remplir les faux chèques, pour payer les cigarettes. Le vrai miroir, c’est pour être sûre que j’ai bien mis le rouge à lèvres. Le vrai couteau, c’est pour le grand méchant loup. Julie en a peur, elle dit qu’il faut se cacher dans la garde-robe pour qu’il ne nous voie pas. N’importe quoi !
Ce livre est l’histoire bouleversée d’une famille, mais pas seulement. Ce qui arrive à Laurence aura des conséquences sur bien des personnes de leur entourage et de leur voisinage. Rien ne sera plus jamais pareil, pour personne.
Je n’avais pas encore compris que dans la vie la douleur la plus profonde n’a d’autre origine que soi-même.
La première version de ce roman s’intitulait Emmène-moi à Valparaiso. En effet, le moteur de Laurence est l’envie de voyager, de découvrir le monde, alors qu’à l’inverse, son mari se complaît dans la routine. Cette envie d’ailleurs sera peut-être le déclencheur d’une renaissance après cette épreuve.
Elle rêve simplement d’un beau voyage à Valparaiso, une idée récurrente quand elle est au bout du rouleau.
Le style de Marjorie Tixier est très agréable à lire, très addictif même. On tourne les pages, on enchaîne les parties on veut savoir. Laurence arrivera-t-elle à surmonter cette épreuve ? Malgré tout, vers le milieu du roman, le rythme ralentit, on s’ennuie un peu, on est dans l’attente. Mais on continue la lecture et on ne regrette pas !
Un matin ordinaire est un roman psychologique qu’on pourrait même qualifier de thriller. L’écriture de Marjorie Tixier ne laisse pas indifférent. Un premier ouvrage, prometteur, à découvrir !