Comme un enfant qui rêve de super-héros, je rêve de victoires.
J’ai
toujours été comme ça. Envie de bouger, de me dépenser. Je rêve d’arriver le
premier et rien ne peut m’arrêter.
Avec
mon pote Axel, on se tire la bourre depuis toujours. Soit c’est lui qui gagne,
soit c’est moi, mais ici, la médaille, c’est forcément pour nous. On n’est pas
des pros, mais on s’en inspire.
Pour
le sport, j’ai arrêté mes études à vingt ans. Je voulais des défis à relever et
des missions à accomplir. J’ai fait mon service militaire, mes amis m’ont
regardé de travers. Pour eux, quoique bien affûté, j’avais pas le profil. Axel
s’y est mis aussi, mais ma décision était prise.
Au
début, j’en ai bavé, à cause de la discipline. J’ai tenu bon. Fidèle à ma
résolution, je me suis plié aux règles et j’ai pris goût à l’effort. J’ai
appris à me battre, à me donner corps et âme pour atteindre mes objectifs. J’ai
commencé à enquiller les défis et si Jim m’avait dit comme dans Mission impossible : « Bonjour
Jérôme. Votre mission, si toutefois vous l’acceptez… », j’aurais répondu
OK sans hésiter.
À
la fin de l’année, on m’a proposé la Police nationale. Concours, uniforme bleu
marine et titre de gardien de la paix à la clé. J’ai eu un poste ici, à deux
pas de chez moi. C’est super, ça me laisse du temps pour m’entraîner avec Axel.
On se cale des séances de deux heures, c’est stimulant. Il me booste, il est
plus fort que moi, mais il se la raconte pas.
Au
début, la course à pied, je trouvais ça con. C’est Axel qui m’a embringué
là-dedans quand j’ai arrêté le moto-cross pour acheter une maison.
Vivi,
un ami de la famille, avait un bon plan pour moi. Maison avec vue sur le lac,
juste à côté du nouveau lotissement. Camille était emballée, prête à faire des
heures supplémentaires et Vivi avait un copain banquier pour nous faire un bon
prêt. J’ai foncé.
On
a signé le compromis de vente et, six mois plus tard, on s’est installés. Camille
s’occupe des travaux, de la déco et du jardin. Elle me demande rien, sauf quand
c’est lourd. Elle sait que pour moi le sport passe avant tout. En échange, je
lui fais la cuisine et les courses.
Comme
le banquier, Axel a acheté une parcelle pour construire une maison à ossature
en bois près de chez moi.
On
s’éclate. On sort de chez nous et direct, dans les bois. Sans moto-cross, je
m’ennuyais comme un rat mort, alors je me suis mis à la course. Camille m’a
offert une super montre cardio et j’y ai pris goût !
On
s’est fait un programme de fous avec un logiciel de pros. Mon naturel est
revenu au galop, rêves de victoires, de retrouver avec la course les sensations
que j’avais sur ma moto.
— Et
si on faisait un marathon ?
J’ai
lancé ça à la cantonade. Fin de soirée bien arrosée, en boîte.
C’était
pour rigoler et se faire un gros délire. On se voyait déjà à l’affiche du
fameux quarante-deux kilomètres et cent quatre-vingt-quinze mètres. On se
prenait pour le messager antique qui avait couru de Marathon à Athènes pour
annoncer la victoire contre les Perses.
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© Marjorie Tixier, Un Matin ordinaire, chapitre 6, Jérôme
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